Pourquoi faut-il (re)-lire Harry Potter ?
« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. »
Harry Potter, c'est le conte originel, à la profonde simplicité, capable de toucher chacun de nous, et de remuer notre enfance assoupie.
Il y a un peu de Cendrillon. Un petit orphelin traité comme un souillon par les parents qui l'accueillent. Rabaissé, humilié devant son cousin enfant-roi, obligé de nier son existence même. Puis, un jour une marraine la fée en la personne d'un géant barbu fait entrer le merveilleux et ses mystères.
La force d'Harry Potter réside en un savant équilibre entre l'humour fabuleux et le réel implacable. On meurt dans le monde des sorciers. Mort fondatrice des parents du héros, et mort terrifiante dès le 4eme tome d'amis, de frères, de pères, de mères. Personne ne revient et la magie n'est qu'une poudre qui colore l'adolescence.
L'on rit aussi à Poudlard. On s'amuse de cette Angleterre fantasmée que J.K. Rowling fait surgir entre les verres de jus de citrouille, le thé, les manoirs, les rouquins et les lits à baldaquin. Rêvé, sublimé, le so british enchante et participe de l'envoûtement.
Harry Potter, c'est une quintessence moderne des mythes, légendes et bestiaires fantastiques d'occident et des trouvailles fantasques et jubilatoires de son auteur. Chaque tome recèle une pépite magique où l'énigme se dévoile: un homme à deux visages, les toilettes d'un monstre, un retourneur de temps, un jeu d'apparence, des combats par les rêves, une salle sur demande, une armoire magique et quelques petits bouts humains... Tout un monde, tout un enchantement.
Que serait Harry Potter sans la kyrielle de personnages secondaires attachant dès les premiers coups de plume ? Sans Ron, ni Hermione ? Sans Drago Malefoy ? Que serait Poudlard sans son directeur ? Le de monde la magie sans la voie 9 3/4, Gringotts, le Chemin de Traverse, Azkaban ou le Ministère sous-terrain ? Et surtout, comment ne pas cauchemarder devant le méchant absolu de la littérature jeunesse, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, tabou suprême, Lord Voldemort qui a su si bien se jouer du sort et de la mort.
J.K. Rowling a pris le pouls de son temps. Chez les sorciers, ce sont deux utopies, deux idéologies profondes qui s'affrontent : le vivre ensemble globalisé face au repli sur soi identitaire. Au final, c’est la guerre qui les départage, sans que personne n’en sorte vraiment ni vainqueur, ni grandi. Malgré un tome 7 un peu en-dessous, la série passe par des sommets comme cette sixième histoire en forme d'enquête de souvenirs, parcours initiatique vers l'âge adulte. Et Rowling qui ose sacrifier en apothéose un personnage principal.
Riez, pleurez, aimez, haïssez comme les héros au tournant de l’adolescence, plongés dans leur métamorphose intime.
L'école devient un pincement au cœur, et vous vous surprendrez à guetter le ciel en attente du hibou porteur de votre lettre.
Chut, « Méfaits accomplis ! »
Harry Potter / J. K. Rowling
Philippe
Et le conseil lecture à plusieurs voix