Où l'on découvre les premiers imprimés de l'histoire...

 Aux environs de l'an 1450, une révolution a lieu : l'invention de l'imprimerie en Occident, attribuée (de manière un peu superficielle) à Gutenberg.

 

Heures à l’usage de Rome, page de titre enluminée                                                                                                                                               par Étienne Colaud : une presse au XVIe siècle, 1525 :

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L'imprimerie à caractères mobiles métalliques transforme le rapport aux livres. Grâce à elle, les impressions deviennent moins onéreuses, plus rapides. On développe un matériau peu usité en Europe jusqu'alors et aux multiples qualités : le papier. La diffusion des connaissances s'accroît de manière fantastique.

Ces événements correspondent à l'avènement de la pensée humaniste, et y sont incontestablement liés.

 

L'étendage du papier au XVIIIe siècle dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert :

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 C'est autour de 1470, sur le territoire germanique, que l'imprimerie prend réellement son essor. Ces premiers livres imprimés, entre 1450 et 1500, sont appelés "incunables", car ils revêtent un caractère exceptionnel, celui du commencement, de l'expérimentation.

Quelques incunables dans les collections du Puy-en-Velay :

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Et rapidement, un imprimeur sort de l'anonymat avec son formidable atelier de Nuremberg : Anton Koberger (1445 env.-1513).

La bibliothèque du Puy-en-Velay possède deux incunables de Koberger, deux bibles (l'une datée de 1475, à gauche, l'autre de 1478, à droite) qui témoignent des évolutions que connaissent cette nouvelle technologie en l'espace de seulement quelques années.

 

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On remarque que le livre imprimé reprend les mêmes particularités que le livre manuscrit dans leurs premières années : caractères gothiques, impression sur deux colonnes, lettrines décoratives, notes en marge, etc. Plus tard apparaîtront les pages de titre, pagination, et autres éléments que nous pratiquons toujours aujourd'hui.

 

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Koberger est particulièrement réputé pour avoir développé à grande échelle l'introduction des gravures sur bois dans les imprimés. Un atelier de gravure était attenant à son imprimerie qui elle-même employait une centaine d'ouvriers.

 

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Notez que Koberger était le parrain de l'illustre Albrecht Dürer. Les ouvrages les plus célèbres sortis de ses presses, le Schatzbehalter (1491) et la Weltchronik (Chronique universelle, 1493) d'Hartmann Schedel, sont illustrés de gravures de l'atelier de Wolgemut, le maître de Dürer. Parmi ses autres publications se distinguent les Révélations de sainte Brigitte (dont l'exemplaire ci-contre est conservé à la BmL) : les bois qui illustrent l'ouvrage sont très probablement sortis de l'atelier de Dürer et furent peut-être exécutés à partir de dessins de sa main.

 

Et comme le monde (du livre) est petit, il se trouve à la bibliothèque du Puy-en-Velay une série d'incunable et post-incunables imprimés par un certain Jean Froben à Bâle, élève de Koberger. L'un d'entre eux se distingue par l'utilisation relativement précoce des caractères grecs qui le compose...

Mais ceci est une autre histoire !