Comment passer à côté de ce phénomène tout à la fois littéraire et cinématographique ? Le succès de la dernière adaptation du Comte de Monte-Cristo par Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière a donné une nouvelle jeunesse au récit d'Alexandre Dumas.
Propulsant Edmond Dantès, la star du livre d'aventure, dans une fresque époustouflante, les réalisateurs ré-inventent le Blockbuster à la française, appuyé sur une vieille histoire de vengeance et de Bonapartisme.
Et Dumas dans tout ça ?
Le Comte de Monte-Cristo, c'est - malgré tout - un roman. Et quel roman ! Un récit de près de deux mille pages, de la chute de l'Empire à la Restauration, de Napoléon à Louis-Philippe, qui mêle amours perdus et tour d'Europe enivrant. L'Italie est centrale, mais l'Orient s'y taille aussi la part du lion.
Le Comte de Monte-Cristo a été adapté plus d'une vingtaine de fois au cinéma et à la télévision. Edmond Dantès a été joué, tout à tour, par Jean Marais, Jacques Weber ou Gérard Depardieu, Le roman a eu également droit à une adaptation en BD et en manga.
Alors que son auteur, Alexandre Dumas, a écrit plus d'une cinquantaine de romans, et des dizaines de nouvelles et pièces de théâtre, le Comte de Monte-Cristo - avec les Mousquetaires - demeure un incontournable de la littérature française. Cet été, poussées par le succès du film, les ventes du livre ont été multipliées par 10. Pourquoi un tel engouement toujours renouvelé depuis 1844 ?
Une histoire vraie ou une belle invention ?
La force d'écriture d'Alexandre Dumas, reposant sur de nombreux assistants, lui a permis d'aller piocher ses inspirations dans des histoires réalistes. Un fait divers serait donc à l'origine du Comte de Monte-Cristo.
Si vous voulez en savoir plus sur les origines du récit, visionnez ce petit format très explicite :
C'est bien la fameuse vengeance qui rend l'intrigue aussi addictive. Edmond Dantès, ce jeune marin naïf et amoureux, se métamorphose dans les geôles du Château d'If. Ressuscité en Comte, il revient des années plus tard punir et récompenser ceux qui, d'après lui, le méritent.
Cet homme qui se fait justice tout seul, devenu tellement riche que rien ne semble pouvoir l'arrêter, ne cesse de poser des cas de conscience autour de lui. Doit-on se soustraire à la justice des hommes ? La puissance de l'argent permet-elle de tout accomplir ? Peut-on disposer des individus sans aucune conséquence ?
Son personnage principal est rendu attachant et, au fond, le lecteur comprend cette vengeance. L’ingéniosité de Dumas se trouve dans le point de vue adopté, dès l'entrée en jeu du Comte de Monte-Cristo. Le lecteur est extérieur aux machinations de Dantès/Monte-Cristo. Il voit lentement les liens tissés autour des proies, comme les autres personnages du récit, ballotés puis enserrés dans la toile du Comte.
Lire et relire :
Edmond Dantès, l'Abbé Farria, Mercédès, Villefort, Danglars, Fernand, De Morcerf, Haïdé, Caderousse, Cavalcanti, ne sont qu'une poignée de la ribambelle hallucinante de personnages déployée par l'auteur. Les voix de toute cette comédie humaine n'ont de cesse de se succéder dans un récit qui rebondit constamment.
Dumas, pour amener la rencontre de Monte-Cristo et d'Albert, raconte les origines d'un bandit romain, Vampa, récit lui-même enchâssé dans l'histoire des aventures d'un autre bandit. Ces poupées gigognes semblent ne jamais s'arrêter.
Il est aussi à voir comme un grand chef d’œuvre du roman-feuilleton. L'écrivain s'était spécialisé dans ce genre de publication qui nécessitait un savoir-faire de la coupe - ou de façon plus anachronique du "cliffhanger". Cette machine à rebondissements fonctionne à merveille dans le Conte de Monte-Cristo et donne envie de ne jamais quitter cette grande aventure.
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Plongez-vous dans une version abrégée, lue avec le pétillement des années 80 :
